ENTRETIEN FINANCE

1- Le Maroc a entamé une transition graduelle vers un régime de taux de change f lexible. Une prochaine étape a été annoncée pour le deuxième semestre 2017. Quels en sont selon vous les objectifs ?

Cette réforme est menée sous la tutelle de Bank Al Maghrib (BAM), avec comme objectif de passer à un régime de change plus flexible. Le processus s’étalera sur trois phases dont la première est entrée en vigueur depuis Avril 2015, avec le remaniement de la pondération des devises (EUR et USD) qui composent le panier d’ancrage servant à déterminer la valeur du MAD contre les autres devises.

La prochaine étape, annoncée pour le deuxième semestre 2017, sera marquée par l’élargissement des bandes de cotation (actuellement à +/- 0.3 %) et le maintien de l’ancrage au panier avec sa composition actuelle (60 % € / 40 % $). La banque centrale se donnera le temps d’évaluer les deux premières phases de cette réforme avant de passer à l’étape ultime qui marquera le début de la fluctuation libre du Dirham. L’objectif de cette réforme est d’accompagner l’ouverture du Maroc sur l’économie internationale, parallèlement au développement du secteur financier local. Un régime de change plus flexible permettra de réellement refléter l’offre et la demande sur la valeur du MAD, alors que cette valeur est actuellement fixée de manière administrée et rigide, avec un jour un risque d’éclatement. Bien sûr, cette réforme devra être accompagnée d’un renforcement de la compétitivité de l’économie marocaine et contribuer à son amélioration, ce qui devrait alors atténuer les déséquilibres et chocs exogènes.

Younes LAIDI, Responsable Salle de Marchés BMCI
Younes LAIDI, Responsable Salle de Marchés BMCI

2- Comment se déroulent les préparatifs de cette libéralisation et comment la BMCI prépare la flexibilité des changes ?

 

 COMMENT SE DÉROULENT LES PRÉPARATIFS DE CETTE LIBÉRALISATION ET COMMENT LA BMCI PRÉPARE LA FLEXIBILITÉ DES CHANGES

Les préparatifs à la libéralisation sont aujourd’hui organisés sous la tutelle de la Banque Centrale. Il y a les aspects techniques, avec la mise en place des outils opérationnels et du dispositif organisationnel, qui permettront de créer un marché de change local plus développé, avec plus de liquidité et de transparence des prix. Dans ce sens, une convention sera signée par les principales banques marocaines intervenant sur ce marché, dont bien sûr la BMCI.La BMCI fait partie des grands acteurs bancaires marocains sur le change. Elle est un partenaire privilégié pour les entreprises marocaines, mais aussi pour les entreprises internationales souhaitant investir au Maroc. Pour cette deuxième catégorie de client, la BMCI s’est toujours attaché à faire la promotion du Maroc en expliquant et rassurant les investisseurs étrangers sur le régime de l’Office des Changes. Notre appartenance au groupe BNP Paribas permet de rassurer les investisseurs internationaux.

Nous avons accompagné les efforts de communication de BAM en organisant avec la Direction du Corporate Banking (DCB) trois événements sur ce thème couvrant une partie de notre clientèle corporate et institutionnelle, en faisant intervenir des experts BMCI et BNP Paribas. L’équipe commerciale de la salle des marchés a entamé un programme de visites à sa clientèle dédiée sur ce thème, avec des simulations personnalisées. Nous avons également mis en place un numéro direct pour répondre à toutes questions à ce sujet « 05 22 47 07 34 ».

3- Dans quelle mesure la libéralisation du change au Maroc impactera notre activité et celle de notre clientèle ?

La libéralisation du cours de change engendrera nécessairement plus de volatilité. Notre mission sera de sensibiliser notre clientèle à cet impact. Nous pouvons nous attendre à ce que certains de nos clients corporate, qui ne voyaient pas l’importance de couvrir leur exposition aux risques de change, se mettent à la couvrir. De ce fait, cela générera une hausse de l’activité des couvertures de changes au travers d’instruments comme le change à terme ou les produits dérivés. Nous avons déjà pris une série de mesures pour conseiller, accompagner et assister nos clients. Un plan d’action a été établi et l’ensemble des ressources de la salle des marchés sont mobilisées pour atteindre ces objectifs.

Les grandes entreprises sont déjà sensibilisées à cette problématique de volatilité sur le marché des changes et ont recours aux différents instruments de couverture du risque. Nous avons un contact quotidien avec ces clients qui sont à l’affût des bonnes conditions de marché pour concrétiser leurs couvertures.

4- Quel est votre plan d’action vis-à-vis de la PME ?

Le risque ne dépend pas de la taille de l’entreprise mais de la proportion de ses flux en devises par rapport à son chiffre d’affaire global. C’est pourquoi cela est aussi bien valable pour la grande entreprise que la PME non initiée à ce type d’instruments de couverture. Notre force de vente au niveau du réseau des centres d’affaires BMCI, s’appuyant sur l’expertise de sa salle des marchés, propose un diagnostic complet de leurs flux à l’international, ce qui nous permettra d’évaluer leur degré d’exposition. Nous partageons avec eux ce constat ainsi que les différentes solutions de couvertures, leurs coûts respectifs, mais également le coût de non couverture. Le client disposera donc de l’ensemble des données qui lui permettront de décider ou non de se couvrir, et d’opter pour le bon instrument.

La BMCI offre à sa clientèle l’ensemble des solutions de couverture autorisées par la réglementation locale. Grâce à l’apport de notre groupe, nous sommes parmi les seules banques marocaines offrant des produits dérivés optionnels à la clientèle marocaine.
US-dollar